Football
Vanessa Gilles, la plus française des canadiennes
La défenseur de la sélection canadienne nous raconte ses débuts avec les Girondins de Bordeaux et l’équipe du Canada.

Vanessa Gilles, la numéro 4 des Girondins de Bordeaux, 4e du championnat de France avant le confinement, et également défenseur avec l’équipe du Canada a pris le temps de répondre à nos questions.
Née au Québec, elle a passé son enfance en Chine avant de revenir au Canada poursuivre ses études. Vanessa intègre alors le milieu tennistique avec succès mais s’ennuie. Et ressembler à Sharapova, comme lui suggérait sa mère, ne l’intéresse pas plus que ça. Elle préfère les sports d’équipe et à 16 ans, se lance dans le football.
Confinée à Bordeaux, en France, la franco-canadienne nous a parlé de ses débuts de footballeuse professionnelle avec les Girondins et en sélection nationale. Elle nous a également apporté sa vision du football (soccer) en Amérique du nord et en France.
Tu as joué pendant 6 mois à Chypre avant d’arriver en ligue 1. Pourquoi avoir choisi le club des Girondins de Bordeaux? Après Chypre, je voulais venir vivre en France. La ligue française est une des meilleures ligues au monde. Puis je suis française aussi et j’ai de la famille ici que je voulais revoir. Pendant que j’étais à Chypre, mon agent a pu me trouver Bordeaux. Tout de suite, j’ai signé et je suis arrivée juste après avec mes petits sacs.
As-tu remarqué une affluence de fans depuis la coupe du monde organisée l’année dernière en France? Effectivement, depuis la coupe du monde, il y a de plus en plus de monde qui se met à suivre le foot féminin surtout que le niveau s’élève petit à petit.
Cette année, on a eu un nouveau staff et des nouvelles recrues. Ulrich Ramé (NDLR, directeur technique du club en charge de la section féminine), notre directeur, a pris en charge tout ce qui était fonctionnement, stade, marketing. On a changé de stade aussi. Il y a beaucoup plus de monde qui vient et nous soutient au stade ou sur les réseaux sociaux. Ils viennent même aux entraînements maintenant. Ça se sent qu’il y a un petit déclic.
Quelles sont les différences de jeu entre la France et le Canada? C’est le jour et le nuit. En France, c’est beaucoup plus technique. Des joueuses au PSG à celles en bas du tableau, elles ont grandi dans la culture française du foot, un ballon à leur pied tout le temps. C’est une mentalité différente. Ça m’a permis moi, en tant que joueuse un peu moins technique, un peu plus costaude, qui court et qui défend, de beaucoup progresser. Maintenant qu’on a un staff espagnol aussi et plein de nouvelles recrues internationales, le niveau me permet de progresser. C’est l’idéal.
Tu as joué avec l’équipe de France des moins de 23 ans puis avec l’équipe A du Canada. Pourquoi ce changement? Quand je suis arrivée en France, je n’avais jamais joué pour une équipe nationale. J’ai rencontré toutes les françaises. Ici, toutes les joueuses qui jouent en équipe de France évoluent en ligue 1. En novembre (NDLR, 2018), j’ai été appelé en U23 (NDLR, moins de 23 ans) et quand j’y suis allée, je connaissais 4 ou 5 joueuses. L’expérience en soi était incroyable: les coachs, l’ambiance, être à Clairefontaine (NDLR, le centre d’entraînement des Bleues). Mais en décembre, quand je suis rentrée, j’avais déjà discuté un peu avec le staff de l’équipe du Canada. Je savais qu’ils me regardaient un peu mais je n’étais pas sûre si je pouvais ou s’ils étaient intéressés par moi. Juste avant noël, j’ai eu Ken, le coach canadien, qui m’a appelé en disant:« Écoute, j’aimerais bien t’inviter à une sélection, est-ce que ça t’intéresserait?» Tout de suite, ma réponse était oui parce-que j’ai grandi au Canada. Je me sens plus canadienne.
Qu’est-ce que ça fait de jouer avec des joueuses incroyables comme Kadeisha Buchanan ou Christine Sinclair alors? Quand j’ai commencé le foot, on me disait toujours:«il faut travailler jusqu’à temps que tes idoles deviennent tes potes». Quand j’y suis arrivée, c’était un peu whaouh, j’y suis, maintenant je veux y rester, je veux continuer à progresser comme elles.
Tu as joué les matchs de préparation pour la coupe du monde de football l’année dernière mais pas de sélection finalement. Comment tu l’as vécu? Je n’ai pas de regrets. L’équipe qui a été sélectionnée était capable de faire beaucoup plus que là où elles sont arrivées. Ça fait des années qu’elles jouent ensemble et elles pouvaient gagner la coupe du monde, honnêtement. Mais dans le foot, y a des hauts et des bas. Mais ça m’a motivée encore plus pour retravailler. Je sais qu’un jour, je vais y être. Ça fait partie de mes objectifs. J’ai tout fait pour essayer d’être à celle de l’année passée, je n’y ai pas été et je n’ai pas de regrets.
Comment se passe le confinement pour toi? C’est compliqué pour tout le monde, sportifs ou pas, pour garder la motivation. Mais le sport aide mentalement.
Et côté entrainement? Le club de Bordeaux organise des séances en équipe. L’équipe du Canada aussi, ils font des séances en zoom. Ce soir, par exemple, c’est boxing et pilates. la semaine dernière, une coéquipière dirigeait une séance de zumba.
Quelle est la première chose que tu vas faire quand le confinement sera levé? Reprendre le foot et aller manger au restaurant.
